La Seine de notre Histoire, 6
« Il existait, au hameau de la Brosse, un ancien château, sur les fondemens duquel a été construit, avant la révolution, une maison de campagne (…) ; sa situation est sur une montagne, d'où la vue se porte très-loin ».
Nous vous proposons de nous rendre sur les traces de ce château disparu dans les années 1780, années vers lesquelles les textes cessent de le mentionner. D’autres textes pourraient attester de son existence dès le début du XVIIe siècle, éventuellement depuis août 1366. S’il a existé durant près de deux siècles, voire bien davantage, ce château a quasiment été gommé de mémoire collective héricéenne au profit de la « résidence Stoppa », construite à la fin du XVIIIe siècle et devenue notre mairie.
Pour y parvenir, nous avons écouté nos Ainés, recherché les actes notariés et repris les cartes des XVIIIe et XIXe siècles que nous avons étudiées en ayant en mémoire la description faite en 1821 par C. Oudiette, rappelée ci-dessus.
❋ Les propriétaires du Château de La Brosse
Sans toutefois avoir pu localiser précisément le bâtiment, G. Leroy (1900), puis C.K. Iablokoff (1978) se sont attachés à retrouver les propriétaires successifs du château de La Brosse. Nous vous proposons une mise à jour de leurs recherches.
Il semblerait que la première mention de « manoir, hostel (…), tenant au chemin du Roy » à la Brosse se trouve dans les déclarations de patrimoine de Lienor et de Jean de la Broce établies en août 1366. Alors qu’Héricy était toujours la tête du pont de Samois, le chevalier Ansel de Pomart, sieur de Pusey, déclare le 12 mars 1388 une maison « chemin du Roy » ; puis le 8 août 1446, Robert de Tigecourt, ou de Tillecourt, « sieur de la Broce sur Héricy », déclare « hostels, maisons, masures et jardins ».
En 1601, soit à l’issue des guerres de Religion, Bratien Cuviller, désormais seigneur de Tillecourt, fait réparer le château qui aurait été reconstruit dès la fin du XVIe siècle.
Dans la seconde moitié du XVIIe siècle, ce château devient la résidence des seigneurs de Surin de Tillecourt de Maronville. Gérard de Surin de Tillecourt de Maronville réunit le domaine de Tillecourt avec le fief voisin de La Brosse. A sa mort en 1638, il sera inhumé dans la chapelle saint Vincent de l’église sainte Geneviève et y sera rejoint par sa veuve en 1646. Leur épitaphe pourrait avoir été mise en place sous le contrôle d’Alexandre-Robert de Surin de Marouville, écuyer, seigneur de La Brosse et de Tillecourt ; ce dernier est notamment présent le 4 mai 1660 lors du marché de la Croix saint Hérem qui sera édifiée en forêt de Fontainebleau.
Au passage du XVIIIe siècle, le propriétaire de ce château est le conseiller du roi Etienne Dupuis. Ce dernier fait « dresser sur sa propriété une croix dédiée à saint Etienne (…), bénite le 12 novembre 1708 (…) : c’est l’origine du nom de la rue de la croix, qui va du puits à l’actuel château ». Ce dernier château correspond à la belle maison Mansart, édifié en bordure du chemin de la Brosse à Barbeau dans le prolongement de la rue de la croix, comme le confirment nos Ainés, Colette, Geneviève et Robert…
En 1741, le fief de La Brosse – Tillecourt est acheté par le baron d’Héricy, Charles de Poussemothe de l’Etoile, seigneur de Chesnoust, quatrième fils de Jean Edouard de Poussemothe de l’Etoile, seigneur de Chesnoust, comte de Graville, baron de Tournansy et d’Héricy. Même si la Brosse n’est pas réunie à la baronnie, c’est en quelque sorte le début d’une nouvelle relation entre la Brosse et Héricy. Le château de La Brosse est finalement vendu en 1785 ; sur son emplacement est alors « construit (…) une maison de campagne ».
❋ La localisation possible du Château de La Brosse
Revenons aux « cartes de la partie de la capitainerie (…) de Fontainebleau du costé de la Brie » et au « plan d’intendance de la paroisse d’Héricy » que nous avions présentés lors de notre précédente publication « La Seine de notre Histoire, 5 : notre village depuis le XVIIIe siècle ». « L’actuel château » dont parle Iablokokoff n’apparait pas sur ces documents cartographiques du XVIIIe siècle. Quelques modestes habitations sont édifiées au carrefour du chemin de la Brosse à Barbeau dans le prolongement de la rue de la croix et du chemin d’Héricy au moulin de la Grande roue, actuellement rue de Nison.
A proximité de la place de la Brosse, ou du puits, ces cartes montrent clairement un domaine clos comportant un grand bâtiment au milieu d’un parc ou d’un jardin. Des bâtiments annexes sont disposés à sa périphérie. Le domaine est limité, au levant, par la ruelle aux Murs et, au couchant, par la ferme Lemoine ou Allaine ou du carrefour. L’accès à ce domaine et au bâtiment principal est à proximité de la place et se fait par une allée qui s’ouvre sur la rue, aujourd’hui rue Paul Allaine : serait-elle ce « chemin du Roy » mentionnés dans les actes de la fin du XIVe siècle. De par sa situation topographique, le domaine et ce bâtiment dominent la Seine et sa vallée. Des Ainés nous indiquent qu’il aurait été connu comme « le Pavillon » et qu’un pressoir en dépendait.
Les « cartes de la partie de la capitainerie (…) de Fontainebleau du costé de la Brie » et le « plan d’intendance de la paroisse d’Héricy », indiquent « au hameau de la Brosse, un ancien château, sur les fondemens duquel a été construit, avant la révolution, une maison de campagne appartenant actuellement à M. Chevrier ; sa situation est sur une montagne, d’où la vue se porte très-loin. Il s'y trouve un bel enclos de vignes, dont le vin est de la première qualité du pays ». Ce château pourrait avoir été édifié au cours du XIVe siècle, au moins, et refondé à plusieurs reprises. Il s’agirait du château de La Brosse.
Le château de La Brosse sur les « cartes de la partie de la capitainerie (…) de Fontainebleau du costé de la -Brie » (1728-1730) : possible localisation.
A proximité de la place de la Brosse, ces cartes montrent clairement un domaine clos, cerclé de blanc, comportant un grand bâtiment au milieu d’un parc ou d’un jardin. Des bâtiments annexes sont disposés autour du bâtiment principal. Ce domaine est limité par la ruelle aux Murs et la ferme Lemoine ou Allaine ou du carrefour. Une allée qui s’ouvre sur la place, permet d’y accéder. De par sa situation ce bâtiment domine la vallée de la Seine.
Le château de La Brosse sur le « plan d’intendance de la paroisse d’Héricy » (1785) : possible localisation.
Le bâtiment et le domaine, bien dessinés sur les cartes précédentes, sont encore présents sur ce plan, éclairés, bien que représentés de manière plus schématique. « L’actuel château » dont parle Iablokokoff n’est pas représenté sur ce document du XVIIIe siècle. Quelques modestes habitations sont édifiées au carrefour du chemin de la Brosse à Barbeau dans le prolongement de la rue de la croix et du chemin d’Héricy au moulin de la Grande roue, actuellement rue de Nison.
Le château de La Brosse au début du XVIIIe siècle : son implantation possible, éclairée, retrouvée grâce à une analyse critique combinant la lecture raisonnée des textes anciens et l’observation des documents cartographiques existants.
« Il existait, au hameau de la Brosse, un ancien château, sur les fondemens (sic) duquel a été construit, avant la révolution, une maison de campagne appartenant actuellement à M. Chevrier ; sa situation est sur une montagne, d’où la vue se porte très-loin. Il s'y trouve un bel enclos de vignes, dont le vin est de la première qualité du pays ». Nos Ainés nous indiquent que cette « maison de campagne » aurait été connue comme « le Pavillon » et qu’un pressoir en dépendait.
(à suivre)
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