Les Moulins à Eau....
… à travers plusieurs rubriques de notre Culture, de notre Histoire, de nos Saveurs, de nos Souvenirs, de notre Vie… qui permettent de conserver et de partager les souvenirs et les mémoires d’un village briard en bord de la haute-Seine ou à sa toute proximité.
Les cultures gauloise et romaine se connaissaient et s’appréciaient bien avant la Guerre des Gaules et l’installation de la puissance romaine sur ce territoire désormais conquis. En effet les élites gauloises appréciaient les vins romains, napolitains, narbonnais… qui leur procuraient « un titre de gloire », préfigure de la « viticulture épiscopale », puis de la « viticulture monastique » avant « la viticulture attachée au château », ainsi nommées par Roger Dion, en 1959 : cf. « La Seine de notre Histoire, 4 : Du clos royal de Fontaine au clos de Barbeau » de décembre 2021. Le tonneau gaulois va, en outre, constituer un avantage décisif au commerce et à l’exportation des vins romains vers le reste de l’Europe.
La vigne, les moulins à eau, les châtaigniers… sont quelques-uns de ces impédimenta apportés par les légions romaines. Ils s’installent en Gaule. De leur rencontre avec les tonneaux, le marteau et l’enclume… gaulois, naît en quelque sorte la civilisation gallo-romaine. Notre région ne sera pas sans en profiter : c’est ainsi que la viticulture et la viniculture s’implantent sur les coteaux briards... Nous avons initié une série « La Seine de nos Saveurs » à leur sujet et, rappelons-le, nous la prolongeons grâce aux archives de Marcel François et Maurice Pouzet et par d’autres documents.
Lors de cette prochaine saison, « La Seine de notre Histoire » va s’enrichir de chroniques sur les moulins à eau d’autant que Maurice Pouzet a laissé de nombreux documents à leur sujet. Nous les compléterons par des informations léguées par Georges Guillory. La période contemporaine sera également traitée. Les sujets ne manquent pas : la campagne de France menée par Napoléon 1er, la fin du Second Empire, la bataille de France, la Libération qui s’ensuivra… En complément de notre feuilleton sur la vigne, « La Seine de nos Saveurs » abordera le sujet des terres cuites sensu lato, de la tuile à la faïence… Et tout ceci sera l’occasion d’accueillir de nouveaux auteurs, rédacteurs et correcteurs. Quant à ce nouvel exemplaire de la « Seine de notre histoire », il constitue le cadre de nos prochaines publications qui porteront sur les moulins à eau.
La Seine de notre Histoire, 8 : Les moulins à eau
Notre commune d’Héricy est baignée par la Seine sur sa face occidentale et par le ru de Fontaineroux-La Gaudine à proximité de sa limite orientale. Ce ru et ses petits affluents drainent la plaine ouverte à l’est de la Brosse en direction de Féricy, Machault, Champagne... Son vallon entaille le plateau briard. Cette frontière naturelle double donc la limite administrative de la commune sur son flanc oriental ; celle du ru de Fontaineroux sera notamment utilisée comme ligne de défense lors de la campagne de France par les « troupes coloniales » pour retarder l’avancée des troupes allemandes.
Ce ru de Fontaineroux-La Gaudine est grossi par de petits affluents tant en rive droite qu’en rive gauche. Ces ruisseaux sont alimentés soit par des sources au toit des Argiles vertes affleurantes en bordure du plateau qui permettent l’écoulement de la nappe aquifère contenue dans la formation des « Calcaires » de Brie, soit par le drainage des dépôts argilo-sableux ou limoneux qui recouvrent le plateau… Ainsi la fontaine le Roux ou Raoult est la principale source de ce ru et lui a donné son nom. Notre publication « La Seine de notre Histoire, 3 : puits, sources et fontaines » de décembre 2021 apporte des informations complémentaires.
Arrivant des environs de Villeneuve-les-Bordes, le ru de la vallée Javot et le ru du vallon de Fontaineroux se rejoignent un peu en amont du site de Barbeau, pour donner naissance à la Gaudine, également appelée ru de Barbeau. Puis avant de se fondre avec les eaux de la Seine, la Gaudine entaille profondément le rebord du plateau briard, à l’origine d’une vallée étroite où va s’installer l’abbaye de Barbeaux par la volonté du roi Louis VII.
✻ Le ru du vallon de Fontaineroux et ses moulins à eau
Le ru qui suit le vallon de Fontaineroux est bordé de plusieurs moulins dont l’implantation, pour certains, remonte au Moyen Age : soit d’amont vers l’aval, moulins de La Foy, de la Grande Roue, de Clicot, ou Cliquot, de Chénoy, ou Chesnoy, et de la Tennerie, ou Tainerie, Tonnerie, qu’un petit affluent fait tourner, et enfin ceux de Barbeau.
Le moulin de La Foy, encore dit de Mafoy, Mafoi, ou Maffoy, est installé sur un bief alimenté en partie par le ru du Prieuré, qui prend sa source vers l’Espinard, et le ru de Fontaineroux. C’est peut-être le plus ancien de tous, car lié au prieuré de Fontaineroux, connu depuis le XIe siècle et rattaché à l’abbaye bénédictine de Saint-Père (ou Saint-Pierre) de Melun. Après les dévastations dues aux « Normands », cette abbaye avait été relevée en 991 par ordre de Hugues 1er, dit Capet, et de son fils Robert, qui règnera sous le nom de Robert II, dit le Pieux.
Au XIXe siècle, le débit du ru de Fontaineroux ne permet de faire tourner que cinq moulins « à petits sacs », c’est-à-dire des « moulins travaillant pour les petits cultivateurs, à l'exclusion de la boulangerie » comme le précise Georges Guillory dans une synthèse publiée par l’Abeille de Fontainebleau au début du XXe siècle. Ce sont les moulins de Mafoy, de la Grande Roue, de Chénoy, de Tainerie, chacun faisant fonctionner une paire de meules, et le moulin de Clicot avec deux paires de meules de moindres dimensions. Il précise également que « parfois, l'eau n'était même pas assez abondante pour les faire marcher toute l'année sans interruption. Il fallait alors maintenir l'eau dans des réservoirs et attendre pour lever les vannes, que la force motrice soit suffisante pour actionner le moulin. Et quand plusieurs moulins s'étageaient sur le même ru, il leur arrivait de ne marcher qu'à tour de rôle, chacun leur jour. Un règlement sévère obligeait d'ailleurs les meuniers à entretenir le cours d'eau en bon état afin de ne nuire en rien à leurs confrères placés en aval ». Dans de prochains numéros, nous préciseront tous ces éléments.
✻ L’abbaye de Barbeau et ses moulins à eau
A partir de son installation à Barbeau en 1156, l’abbaye cistercienne de Notre-Dame-du-Port – encore dite de Seine-Port, de Sacré-Port, de Saint-Port, ou de Barbeau – va entreprendre d’importants aménagements hydrauliques sur la Gaudine et le ru de la vallée de Fontaineroux. Il est important de noter que le ru de la vallée Javot prend sa source dans un domaine de l’abbaye Notre-Dame de Preuilly, 5ème fille de Notre-Dame de Cîteaux, à laquelle est rattachée par filiation l’abbaye de Barbeau.
Inventoriés et analysés par Armelle Bonis et Monique Wabont, ces aménagements hydrauliques sont adaptés à l’implantation de l’abbaye « dans une vallée étroite ». « A Barbeau les moines ont canalisé par des murs de pierres le (ru de la vallée) Javot, dont ils avaient la maitrise intégrale. Ils ont dévié la Gaudine entre de hauts remblais de terre et pavé son lit. Ce ru alimentait l’étang proche de l’enceinte et faisait tourner deux moulins à l’intérieur. L’abbaye avait encore un moulin à blé flottant sur la Seine, un moulin à foulon, un moulin à tan et un moulin à fer ».
Les terres, comme celles sur les sables de Fontainebleau, se prêtent à la pousse des chênes et surtout des châtaigniers. Dans ce cas, il n’est pas étonnant qu’un moulin à tan destiné à extraire de l’écorce de chêne et de châtaignier les tannins nécessaires au tannage des peaux, ait été construit au voisinage de l’abbaye, au lieu-dit de la Tennerie ou Tainerie sur la commune de Féricy. Quant au moulin à foulon, il servait à fouler, c’est-à-dire battre la laine pour la dégraisser avant de la tisser pour en faire des draps. Enfin le moulin à fer, ou martinet, crée par l’abbaye, doit être contemporain du développement de la métallurgie par les moines cisterciens en Champagne à partir du XIIIe siècle.
(à suivre)
Merci aux Bruno pour leur relecture.
© Synthèse établie par L. et O. Parize, pour « Aux Amis de La Brosse – Cultivons notre Village », décembre 2022.
Pour nous joindre ou rejoindre « Aux Amis de la Brosse » : aab.hericy@gmail.com
Le ru de Fontaineroux et ses moulins de « la Foy », « la Grande Roue », « Clicot » sur le Plan d’intendance de la paroisse d’Héricy établi en 1785, complété par nos soins, du moulin de « Chénoy » sur la paroisse de Féricy.
Jusqu’à sa confluence avec le ru de la vallée Javot donnant la Gaudine, le ru de Fontaineroux est grossi par de petits affluents tant en rive droite qu’en rive gauche. Ces ruisseaux sont alimentés soit par des sources au toit des Argiles vertes affleurantes en bordure du plateau qui permettent l’écoulement de la nappe aquifère contenue dans la formation des « Calcaires » de Brie, soit par le drainage des dépôts argilo-sableux ou limoneux qui recouvrent le plateau.
Pour nous joindre et rejoindre : aab.hericy@gmail.com
© Synthèse établie par L. et O. Parize, pour « Aux Amis de La Brosse – Cultivons notre Village », décembre 2022
Le prieuré de Fontaineroux et le moulin de « Mafoy » sur un plan levé en 1865 par la direction des Ponts et Chaussées à la demande du préfet de Seine et Marne en vue de l’établissement d’un « Règlement de l’eau ».
Le moulin de « la Foy », encore dit de « Mafoy », est installé sur un bief alimenté en partie par le ru du Prieuré, qui prend sa source vers l’Espinard et le ru de Fontaineroux. C’est peut-être le plus ancien de tous, car lié au prieuré de Fontaineroux, connu depuis le XIe siècle et rattaché à l’abbaye bénédictine de Saint-Père de Melun. Après les dévastations dues aux « Normands », cette abbaye a été relevée en 991 par ordre de Hugues 1er, dit Capet, et de son fils Robert, qui règnera sous le nom de Robert II, dit le Pieux.
Pour nous joindre et rejoindre : aab.hericy@gmail.com
© Synthèse établie par L. et O. Parize, pour « Aux Amis de La Brosse – Cultivons notre Village », décembre 2022
Les aménagements hydrauliques de la Gaudine et du ru de Fontaineroux par les moines cisterciens de Barbeau, à partir de 1156, selon M. Wabont (1999), pour prendre en compte le la localisation de l’abbaye « dans une vallée étroite », les obligeant « à occuper le lit même de la rivière dont le lit a été rejeté vers (le) flanc (sud) de la vallée ».
Pour ce faire, Bonis et Wabont (2001) montrent qu’« à Barbeau les moines ont canalisé par des murs de pierres le (ru de la vallée) Javot, dont ils avaient la maitrise intégrale. Ils ont dévié la Gaudine entre de hauts remblais de terre et pavé son lit. Ce ru alimentait l’étang proche de l’enceinte et faisait tourner deux moulins à l’intérieur. L’abbaye avait encore un moulin à blé flottant sur la Seine, un moulin à foulon, un moulin à tan et un moulin à fer ».
Pour nous joindre et rejoindre : aab.hericy@gmail.com
© Synthèse établie par L. et O. Parize, pour « Aux Amis de La Brosse – Cultivons notre Village », décembre 2022