La Seine de notre Histoire, 5
Au Moyen Âge, Héricy était la tête du pont de Samois édifié sur un gué permettant de relier le domaine royal avec les fiefs vassaux de Champagne et de Bourgogne : la Seine étant alors perçue comme une quasi-frontière naturelle. Sur le plateau, la Brosse apparait comme une localité d’intérêt moins stratégique. Au crépuscule du XIIIe siècle, la Brosse est déjà un fief propriété de Beaucent de la Brosse puis de Guillaume de la Brosse.
C’est sans aucun doute après les destructions et les ravages qu’entrainèrent les guerres de Cent Ans, au cours du XIVe et du XVe siècle, et les guerres de religions durant la seconde moitié du XVIe siècle que l’urbanisation de notre village se pérennise. Les cartes et les cadastres du XVIIIe et du XIXe siècle sont autant d’instantanés de son état et leur comparaison va permettre de suivre son évolution.
❋ Les « Cartes de la partie de la capitainerie (…) de Fontainebleau du costé de la Brie », par Jacques Dubois.
Les « Cartes de la partie de la capitainerie (…) de Fontainebleau du costé de la Brie », par Jacques Dubois.
Ces cartes ont été publiées entre 1728 et 1730 ; les extraits conservés par les Archives départementales de Seine-et-Marne sont référencés sous le même nom. Outre l’importance des vignes sur les coteaux et les vestiges du pont de Samois, ces cartes montrent Héricy et le domaine occupé par résidence Stoppa, ses jardins et dépendances et La Brosse. Ces extraits offrent également l’image de Samois et de Vulaines au début du XVIIIe siècle.
Ces cartes ont été publiées entre 1728 et 1730 ; des extraits sont conservés par les Archives départementales de Seine-et-Marne. Outre la relation entre « HÉRICY » et « La Brosse », ces cartes montrent l’importance des vignes sur les coteaux et les vestiges du pont de Samois. La résidence Stoppa, ses jardins et dépendances, la terrasse et ses pavillons occupent la majeure partie du bourg d’Héricy : ces cartes offrent de belles images de ces jardins et de leur agencement à la française. Les habitations sont principalement rassemblées le long de la rue Grande et de la rue des Groseilliers. Vers le sud, la zone habitée ne franchit pas le ru de la Gaudine, prolongement du ru de Froideur. Vers le nord, en direction de l’abbaye de Barbeau, la croix neuve, dressée le 19 avril 1691, remplace une croix plus ancienne et marque le bornage entre le domaine de l’abbaye et Héricy.
Sur le coteau, la fontaine Sainte Geneviève et son réservoir, décidé en 1683, sont clairement indiqués, tout comme la fontaine de la carrière qui sera, en 1825, canalisée pour alimenter le lavoir du même nom : nous renvoyons toutes celles et ceux qui seraient intéressés d’en savoir davantage sur les sources et les fontaines de notre commune à la lecture de notre publication « La Seine de notre Histoire, 3 : puits, sources et fontaines ».
La Brosse se rassemble déjà autour des trois rues qui sont aujourd’hui la rue de la croix, la rue Paul Allaine et la rue du terroir. Ces cartes montrent également que le sentier des Fontaines, le chemin des Grands prés, la ruelle aux Murs, le sentier Yon, la ruelle Baurin et d’autres étaient également tracés au début du XVIIIe siècle. La ruelle Guittard semble avoir été retracée après l’établissement de ces cartes. En direction d’Héricy, les habitations ne dépassent pas le chemin des Grands prés. La ferme Lemoine ou du Carrefour est déjà en place. Vers la plaine, la Brosse ne dépasse guère la ruelle Baurin ; vers Barbeau, elle est limitée par le chemin d’Héricy au moulin de la Grande roue.
Héricy et la résidence Stoppa au début du XVIIIe siècle
La résidence Stoppa, ses jardins et dépendances et la terrasse occupent la majeure partie du bourg d’Héricy. Cette carte offre une belle image des jardins à la française et montre les pavillons aux deux extrémités de la Terrasse. Dans le bourg, les habitations sont principalement rassemblées le long de la rue Grande et de la rue des Groseilliers. Vers le sud, la zone habitée ne franchit pas le ru de la Gaudine et les fossés. Au nord, la Grande Maison est représentée et en direction de l’abbaye de Barbeau, la croix neuve, dressée le 19 avril 1691, remplace une croix plus ancienne et marque le bornage entre le domaine de l’abbaye et Héricy. Sur le coteau, la fontaine Sainte Geneviève et son réservoir, décidé en 1683, sont clairement indiqués, tout comme la fontaine de la carrière qui sera, en 1825, canalisée pour alimenter le lavoir du même nom.
❋ Le « plan d’intendance de la paroisse d’Héricy », par Louis Bertier de Sauvigny.
Le « plan d’intendance de la paroisse d’Héricy », par Louis Bertier de Sauvigny.
Le plan d’intendance de la paroisse d’Héricy a été établi en 1785. L’occupation des sols en terres labourables, vignes, bois… y est clairement indiquée par une charte de couleurs. Héricy et La Brosse constituent les deux principaux centres habités ; Fontaine le Roulx (Fontaineroux), le Prieuré et l’Epinard sont égalemen t indiqués. Le ru de Fontaineroux-Rivaude-Gaudine et ses petits affluents font fonctionner plusieurs moulins étagés du Prieuré jusqu’à sa confluence avec la Seine : moulin de la Foy ou de Mafoy, moulin de la Grande Roue, moulin Clicot, moulin de Chénoy…
Le plan d’intendance de la paroisse d’Héricy est une des composantes des « plans cadastraux des paroisses établis par Louis Bertier de Sauvigny, intendant de la Généralité de Paris de 1777 à 1789 pour établir une meilleure répartition de la taille (impôt direct d'Ancien Régime). Ils permettent de connaître le territoire et l’habitat, souvent avec une grande précision. Le détail de la topographie des lieux habités, les anciennes routes et les principales cultures y figurent ». Ceux concernant le département de Seine-et-Marne sont conservés par la direction des archives départementales.
Nous avions illustré notre précédente publication « La Seine de notre Histoire, 4 : Du clos royal de Fontaine au clos de Barbeau » par un montage des plans d’intendance des paroisses de Fontaine le Port et d’Héricy centré sur l’abbaye royale de Barbeau. Cette publication va présenter le plan d’Héricy établi en 1785 dans sa totalité. L’occupation des sols en terres labourables, vignes, bois… est clairement indiquée par une charte de couleurs. En comparaison avec les cartes précédentes, il apparait que les zones habitées tant à Héricy qu’à la Brosse se développent lentement.
Le ru des Ravaudes ou Fontaineroux puis Clicot, enfin de la Gaudine et ses petits affluents font fonctionner plusieurs moulins étagés du Prieuré jusqu’à sa confluence avec la Seine : le moulin de la Foy ou de Mafoy, le moulin de la Grande Roue, le moulin Clicot, le moulin de Chénoy implanté sur Féricy, et les moulins de Barbeaux sur Fontaine le Port. L’aménagement hydraulique de ce ru est principalement l’œuvre des moines cisterciens depuis l’installation de l’abbaye Port sacré de Barbel près de Fontaine-le-Port en 1156.
❋ Les plans et cadastres du XIXème siècle
La direction des archives départementales conserve également le cadastre général parcellaire, dit napoléonien, mis en place par la loi du 15 septembre 1807. Sur la commune d’Héricy, la comparaison de ce cadastre, dressé en 1812, avec les plans précédents montre la poursuite de la lente urbanisation de la commune : ainsi, à la Brosse, la cour Barrois apparait comme une ruelle perpendiculaire à la rue du terroir et qui se ferme sur une petite place, la cour ? Les trois granges de la place du puits sont bien individualisées…
Vers 1889, de rares habitations sont construites le long de la route menant à Fontainebleau. A la Brosse, quelques habitations apparaissent le long de la future rue de Nison. Enfin une douzaine de maisons se dispose désormais le long du chemin de Fontaineroux, au-dessus du Prieuré.
Les grands traits des centres urbains de notre commune sont acquis à la fin du XVIIIe siècle, le long d’axes de circulation beaucoup plus anciens. Ils ne seront pas modifiés. A l’exception du partage du parc de la résidence Stoppa, le développement de l’urbanisation se fera de manière soit centrifuge à la Brosse, soit longitudinale à Héricy, contraint à la fois par la Seine et le coteau.
Un extrait du plan de la commune d’Héricy vers la fin du XIXe siècle
Un plan de la commune illustre la synthèse réalisée vers 1888 par l’instituteur Poitrinal à l’occasion de l’Exposition universelle de Paris de 1889. Ce plan a été dressé avant la création de la ligne de chemin de fer. Cet extrait centré sur Héricy et la Brosse montre le léger développement de l’urbanisation au-delà des limites du XVIIIe siècle. Notons l’absence de l’église et du château Stoppa.
(à suivre)
© Aux Amis de La Brosse – Cultivons notre Village d’Héricy, 2022